D'abords des chiffres (1) :
- En dix ans, le nombre de milliardaires (en dollars) a été multiplié par cinq sur la planète.
- Carlos Slim, second homme le plus riche de la planète possédait, en 2007, 67 milliards de dollars, en hausse de près de 740 % par rapport à 2000. Au Mexique, d'où est originaire ce monsieur, 40 % de la population doivent se contenter de moins de deux dollars par jour.
- Petits salaires en France : un salarié travaillant à temps plein sur deux a gagné moins de 1 484 euros net par mois, en 2005.
- Gros dividendes en France : les plus grandes entreprises – celles du CAC 40 – ont affiché des profits records en 2004, distribué des dividendes tout aussi explosifs et quasiment gelé les salaires. Pour Total, les dividendes versés ont grimpé de 15 % et les salaires de 2,2 % ; pour la Société générale, les chiffres sont respectivement de 32 % et 2,7 % ; pour Renault, de 28,5 % et de 4,6 % (pour 2004-2005)... (Sources : Les Echos, La Tribune.)
-En France toujours, en 2007 l'administration fiscale a comptabilisé 61 400 assujettis à l'Impot de Solidarité sur la Fortune (l'I.S.F) de plus qu'en 2006 ! et ce malgré le relèvement du seuil d'imposition. Le seuil patrimonial de l'I.S.F correspondant à 63 années de smic.
- Outre-Atlantique, 1% des Américains détiennent à eux seuls le tiers du patrimoine national.
- La fortune cumulée de l’ensemble des millionnaires de la planète, rapporte Pierre Rimbert, s’élève à 50 000 milliards de dollars, c’est-à-dire trois fois et demi le produit intérieur brut américain ou cinquante fois le montant des pertes occasionnées par la crise financière ouverte en 2007 et décrite comme la plus grave depuis 1929.
Vive la répartition ! (2) Et après ça, ''travaillez plus pour gagner plus'' nous dit notre chère président qui a fait passer son salaire d'environ 6000 euros à 20 000 euros par mois... parce qu'il travaille plus que les anciens président bien sûr. De même que nos chères députés qui ont vu leurs nombres de semestres payés, dans le cas où ils ne sont pas réélus, passer de un à dix ! (3) Autrement dit il s'agit d'une sorte d'assurance chômage garantie sur cinq ans pour tout député non réélu...(4).
Et vive le mérite ! comme nous dit encore notre chère président. A l'image de ces patrons et actionnaires qui ''méritent'' leurs revenus annuels se comptant en dizaines de millions d'euros. Ou plus modestement de vous ou moi qui gagnons en moyenne plus de 10 fois ce que gagne un Roumain ou plus de 50 fois ce que gagnent les travailleurs les plus pauvres de notre planète : pourquoi le mériterions-nous ?
''Que s'est-il donc passé le 6 mai 2007 ?'' (5). Nous avons élu celui qui ''allait régler une bonne fois pour toute le problème de ceux qui abusent du système'', voici la croyance en forme d'argument qui était répandue et qui est à l'origine de l'élection de Mr Sarkozy. Argumentaire qui, selon les discours de ce dernier, faisait référence aux chômeurs qui ''abusent'' de l'allocation chômage, aux patients qui ''abusent'' du système de santé, aux personnes âgées qui ''abusent'' de leur retraite, aux immigrés qui ''abusent'' de notre marché du travail, aux français d'origine étrangère qui ''abusent'' de notre bonté pour nous demander à être traités comme nos égaux, aux classes moyennes et pauvres qui ''abusent'' des acquis sociaux, etc.
Nous accusons les pauvres de nous voler la richesse...alors qu'ils sont pauvres. Ce sont les riches qui nous le disent et nous les écoutons. Mais le pire c'est qu'ainsi nous faisons nous-mêmes fonctionner le système : en tant que citoyen français, quel que soit notre situation, nous faisons partie de la part des plus riches de la planète, mais nous accusons les Africains pauvres de venir voler notre travail, nous accusons les Chinois pauvres de polluer notre environnement et nous accusons les Arabes pauvres de nous terroriser. Alors que ce sont nos entreprises et nos gouvernements qui spolient l'Afrique, qui délocalisent leur production en Chine (pour économiser sur le prix de la main d'oeuvre et sur le coût des restrictions environnementales et de sécurité, tout en méprisant le coût écologique énorme des transports induits) et qui sèment la zizanie dans les pays arabes (nous avons redessiné la carte des pays arabes, nous leurs avons vendu des armes et continuons à le faire, et nous nous attachons à influencer leur politique pour garder main-mise sur le pétrole).
Nos entreprises ont cette influence et nous consommons leur produit. Notre gouvernement a cette influence et nous votons pour lui. Nous avons donc une part de responsabilité dans les conséquences induites, ou dit autrement, nous avons un réel pouvoir d'influence.
Je repose la Question : Qui abuse qui ?
Réponse : Les riches abusent les pauvres.
Solution : Une meilleure répartition.
Ou mieux, une remise en cause du concept de ''richesse''. Selon la conception actuelle, ''richesse'' veut dire : Abondance de biens, de moyens, de revenus; état, condition d'une personne qui possède des biens très importants, qui a beaucoup de ressources, de revenus. Mais une autre définition existe où la ''richesse'' est le caractère de ce qui est de grand prix, de grande valeur, de ce qui est précieux. Ainsi si l'on changeait de paradigme et si le centre de nos sociétés n'étaient plus l'économie de marché mais les relations inter-individuelles (où un individu serait toute entité de la nature : un animal, une pierre, un arbre, un autre être humain, la Terre, etc..), plus tu aurais de relations inter-individuelles positives, plus tu serais riche !
Bon, on en est loin encore, mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas commencer à marcher dans cette direction (et certaines rencontres, que nous avons fait avec Christophe au cours de ce voyage, montrent qu'il y a déjà sur cette planète des gens riches dans ce sens-là : pauvres d'argent mais riches de générosité, de bonté et de respect pour l'autre, pour la Terre, pour toute chose et tout être vivant).
La réalité actuelle et le présent immédiat impliquent un certain pragmatisme. Alors le premier et le plus important des pas à effectuer est de prendre conscience de cette situation, de ces liens et de ces caractéristiques de notre société que nous venons de montrer (le rapport richesses-pauvreté). Être conscient est indispensable au changement, ce n'est qu'à partir de là que l'on pourra chercher à changer les choses.
Quand on en est là, deux accusations reviennent souvent :
1) ''Mais tu es communistes alors ! Tu veux faire la révolution ?! Tu sais pas ce qui s'est passé avec Staline ?? Tu es proches des trotskistes, de Laguiller et de Besancenot !''. Voilà comment on répond par la rhétorique, en décrédibilisant un discours aux yeux des gens, en associant démagogiquement une critique lucide et justifiée à un courant, mouvement ou parti politique qui apparait comme extrême et donc peut-être dangereux. Les critiques et idées n'appartiennent pas à une personne, on se les approprie et les utilise à bon ou mauvais escient. Les idées ne doivent pas périr sous les actes de fous.
2) ''Et qu'est-ce que tu proposes alors ?''. Ce qui correspond à la technique de l'autruche : ''si personne ne me donne la solution toute faite au problème, alors je fais comme s'il n'y avait pas de problème ; je veux un messie qui me guide, je ne veux rien faire par moi-même''.
Non ! Changeons ! Choisissons de changer ! Sinon nous sommes complices. Et dans les faits, individuellement faisons ce que l'on peut à notre échelle, petit à petit, et collectivement mettons-nous à chercher une solution, des solutions (6)!
(3) Cf Canard Enchaîné du mercredi 7 février