mardi 21 août 2007

J-5

Vendredi 17/08/07 ; 10h07 ; Train TER pour Tours

J-5

Les rails qui défilent
La route qui s’écoule
Le train qui vacille
Au Pérou, la terre qui s’écroule.

Mon vélo sur sa béquille,
Il attend, patient.
Bientôt notre vie ne tiendra qu’à un fil :
Le chemin, droit devant s’étend.

2h30 jusqu’à Tours. 2h30 de plus vers le départ. Le départ si attendu (pour moi) et si inattendu (pour ceux qui nous voient partir). « Quelle aventure ! » disent-ils. « Tu dois être excité ? » « Pas tant que ça » je réponds. « C’est mon chemin. Je suis serein ». Pour moi c’est devenu évident. Après y avoir tant pensé, l’avoir tant préparé. Mais surtout c’est là, présent, ce besoin de partir, d’y aller, de voyager, depuis tellement longtemps, que je m’y suis préparé. Doucement j’ai avancé, pas à pas je m’en suis rapproché et aujourd’hui, je suis prêt. Mais demain aussi je le serai et le surlendemain aussi, tant que je continuerai guidé par mes envies.

Envies, envies… Il est un peu capricieux celui-là !
Non. J’essaie juste de répondre aux questions que me pose la vie. Elle m’a guidé ici, la vôtre vous a guidé autre part. La mienne n’est pas plus extraordinaire, ou plutôt la vôtre l’est tout autant. Cela dépend juste de vous et de vos sentiments.

Oui, c’est ça. Plus que d’envies, il s’agit de sentiments. Et donc d’émotions. Et donc de sensations, d’appréhensions (chacun appréhende un même événement à sa façon), de réflexions, de raisonnement, d’apprentissage, de communication…

Beaucoup trop de choses pour que ça ne soit pas relatif. Relatif à chacun, relatif à nos valeurs, relatif à nos croyances, à notre culture, nos « besoins » et nos « envies ». (Besoin, envie, lorsqu’on parle de culture, la limite devient floue).

Alors au lieu de parler d’« extraordinaire », comme s’il y avait un « plus », un « mieux » plutôt que seulement une « différence », parlons de « beau ».

Je pars dans 5 jours, pour un « beau » voyage d’un an en vélo, « autour du monde » (en partie, toute petite partie seulement), et au lieu d’y voir les difficultés d’organisation, j’y vois le plaisir de la préparation, au lieu d’y voir les dangers, j’y vois les opportunités, au lieu d’y voir la fatigue à pédaler, j’y vois la satisfaction qu’il y a d’arriver et le bien-être qu’il y a à se dépenser, au lieu des intempéries, j’y vois la beauté d’une goutte d’eau ; l’équilibre de la nature, si beau qu’il force le respect.

Alors plutôt que de chercher autre part, voyez du beau où vous êtes, voyez le beau dans le moche, prenez le temps, ça ne vient pas tout de suite et ça demande parfois un effort pas toujours évident.

Je pars, serein. Je vous trouve beau, je nous trouve beaux. Je vous envie (sans aucune jalousie), je vous souhaite bon voyage. Et à bientôt.

3 commentaires:

Nous a dit…

Cher Christophe
Un Voyage bien préparé, plein d’inspirations et d’enthousiasme ….
je te souhaite de tout mon coeur Bon vent pour ton projet……!
Je t'envois pour t'accompagner le poème de Constantin Cavafy « Ithaque » ce qui relate d'une manière unique, le voyage de la vie, invitant toutes les personnes à chercher pour leur propre Ithaque
Bises

ithaque
Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit riche en péripéties et en expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer que par des emotions sans bassese. tu ne recontreras ne les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton coeur ne les dresse pas devant toi.
Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d'été, où (avec quelles déelices!) tu pénétreras dans des ports vus pour la premiere fois. Fais escale à des comptoirs phéniciens, et acquiers de belles marchandises: nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes d'entêtants parfums. Acquiers le plus possible de ces entêtans parfums. Visite de nombreuses cités égyptiennes, et instruits-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Ton but final est d'y parvenir, mais n'écourte pas ton voyage: mieux vaut qu'il dure de longues années et que tu abordes enfin dans to île aux jours de ta vieillesse, riche qu'Ithaque t'enrichisse.
Ithaque t'a donné le beau voyage: sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n'a plus rien d'autre à te donner.
Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenue à la suite de tant d'experiences, tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.
Traduit par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras.

Ithaca, a Greek island in the Ionean Sea, was the island that gave birth to. Ulysses,

Unknown a dit…

Tu me rappelles le bac français avec ton article. Quel poète!

Mon cycliste,
Je t'imagine suivre ta route
En espérant que tu ne te croûtes
Sur ton vélo en rigolant
Et tes cheveux, t'es comme Rahan

Bonne route à vous deux!!

Guillaume

Anonyme a dit…

Content de lire ce que je percevais vaguement de tes pensées avant ton départ. Et content pour toi que tu saches l'exprimer ainsi. Sincèrement impressioné.
Un bémol quand même, je trouve ta vision de la nature un peu trop ydillique; c'est peut-être aussi parce qu'elle force notre respect qu'on finit par y trouver, et à y mettre, de la beauté.
Marc